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Le blog de l'exaspérée

Le métro parisien ou l'apogée de l'exaspération

22 Décembre 2012, 16:54pm

Publié par Son altesse l'exaspérée

Le neuvième jour Dieu inventa le métro... le dixième jour, prit de remords, il inventa la sinusite

Le neuvième jour Dieu inventa le métro... le dixième jour, prit de remords, il inventa la sinusite

Dans la catégorie comment avoir envie de se rouler par terre en hurlant à tue-tête de bon matin arrive en première position le métro parisien.

Vous êtes pressée, à deux doigts d'être en retard au travail comme d'habitude, quoi qu'en pressant le pas vous devriez arriver à l'heure. Mais c'est sans compter sur votre fidèle allié le métro.

ça commence par ce satané pass navigo qui se perd inlassablement dans votre sac. Il est encore plus coriace que votre mioche quand il a décidé de faire une partie de cache-cache. Vous voilà devant le portique à fouiller frénétiquement votre besace, faisant tomber au passage des kleenex sales (beurk la honte!) et des tracts de pubs que vous n'avez osé refuser et que vous n'avez jamais pris le temps de jeter. Derrière vous, les impatients exaspérés (éh oui car vous n'avez point le monopole de l'exaspération) vous jettent des regards en lames de rasoir. Le satané pass enfin retrouvé (vous l'aviez mis dans votre poche pour ne pas à avoir le chercher dans votre sac), vous le faites glisser sur la borne, mais au moment de tourner le tourniquet, par un mécanisme dont seul la RATP détient le secret, ce dernier reste bloqué. Impossible de refaire fonctionner le pass en un cours laps de temps à la même station.

Attention, ne vous fiez pas à son air innocent

Attention, ne vous fiez pas à son air innocent

Vous vous retrouvez alors à faire la queue. Devant vous une dizaine de touristes demandant leur chemin et un agent de la RATP nonchalant (est-ce un critère d'embauche?) qui peine à aligner deux mots d'anglais. Vous trépignez, il va falloir attendre qu'il renseigne tous ces gens avant d'appuyer sur le bouton qui va vous débloquer le tourniquet. Votre cœur bat la chamade, vous vous retenez de ne pas hurler. Vous essayez vainement de faire des petits signes de la tête en agitant votre carte mais l'agent fait semblant de ne pas vous voir. Vous soufflez comme une vache, renforçant le sentiment chez les touristes devant vous que décidément les Parisiens ne sont pas accueillants. Vingt minutes plus tard, vous parvenez enfin à faire débloquer votre pass.

Vous voilà enfin dans les couloirs menant au métro. Vous avancez d'un pas assuré, prête à en découdre. Les embrouilles commencent au tapis roulant. Alors que pour vous il a pour fonction d'arriver plus vite d'un point A à un point B, pour certaines personnes il est l'occasion de se laisser porter en prenant bien soin de bloquer tout le passage à ceux qui aimeraient avancer. Quand, au bord de la syncope nerveuse vous tentez un "pardon" pour passer, on vous fera inévitablement des réflexions désobligeantes sur le fait que vous soyez trop préssée. Mais putain de bordel de merde de mammouth! Si ils n'ont pas mieux à faire que de perdre leur temps dans les méandres des stations de métro, ce n'est pas votre cas. Est-ce si difficile à comprendre ?

Le tapis roulant : début de la crise d'hystérie assurée

Le tapis roulant : début de la crise d'hystérie assurée

Enfin arrivée sur le quai. Vous êtes en sueurs, votre mascara a coulé, un de vos talon se fait la malle. Mais la guerre n'est pas encore terminée. Il va falloir maintenant entrer dans le métro et là, tout est question de stratégie. D'un coup d'oeil vous analysez les voyageurs qui attendent. Vous vous placez à distance des bandes d'ados, des groupes de touristes américains, des femmes enceintes, des gens en béquille, du pervers qui vous regarde d'un air libidineux en se léchant les lèvres et des mamies (non je ne rentrerai pas dans le long débat des personnes âgées qui prennent le métro en heure de pointe) .Autant dire qu'il ne reste plus beaucoup de choix. L'idéal étant d'avoir une place près d'une bouche de sortie, car forcément plus de gens descendront à cette rame.

Le métro est sur le point d'arriver. Il entre dans la station, les portes s'ouvrent. À partir de ce moment précis vous avez exactement 15 secondes pour laisser sortir des dizaines de gens et réussir à entrer dans la rame. Et là vous avez inévitablement trois catégories de gens sur lesquelles vous exaspérer. La première, c'est celle de ceux qui ne laissent pas descendre les gens du métro, créant ainsi un embouteillage devant les portes et faisant perdre du temps à tout le monde. La deuxième c'est celle de ceux qui prennent tout leur temps pour descendre du métro, si bien que le signal de fermeture des portes retenti avant même que les autres aient pu commencer à monter. La troisième, et pas la moindre, c'est celle de ceux qui restent inexorablement plantés devant les portes, empêchant toute personne de monter ou de descendre. Trois bonnes raisons en 15 secondes d'attraper une crise de nerf magistrale.

tout est question de stratégie

tout est question de stratégie

Bravo! Vous avez réussi à vous frayer une place dans une rame de métro. Vous faites partie de l'élite. Pendant que vous regardez d'un œil victorieux les penauds restés à quai, le métro quitte la station. Il s'agit maintenant de s'accrocher à l'une des barres grouillantes de poisse et de bactéries pour ne pas vous effondrer sur le sol encore plus dégoûtant. Cependant un nouveau problème se pose: sur la seule barre à portée de main, est affalé un homme gros et suant au t-shirt peu ragoûtant. Il repose son dos sur toute la longueur de la barre, empêchant quiconque de la tenir. L'exaspération est à son comble mais vous n'êtes plus à ça près. D'un coup sec vous empoignez la barre et serrez bien les poings de façon à labourer ostensiblement le dos du malotru. Une fois sur trois le bonhomme finira par décoller son dos poilu de la barre. Il va falloir maintenant vous positionner de façon à ne pas avoir les fesses face à un pervers, le nez sous les aisselles d'un radin du déo ou dans le cou de la quinquagénaire qui a forcé sur le parfum capiteux. Quand vous avez réussi tout ça, restez aux aguets car le type de voyageurs peut changer au grés des stations.

Voilà dix stations que vous tenez en équilibre sur un pied, la tête et le corps dans un axe absolument improbable. Vous tenez le bon bout, il ne vous reste que cinq stations. Mais ne criez pas victoire si tôt! La RATP a toujours un tour dans son sac...

Mesdames,messieurs,en raison d'une pane de signalisation, le trafic est interrompu sur la ligne 1. Merci d'emprunter les correspondances et veuillez nous excuser pour la gène occasionnée.

Le métro aura votre peau. À ce stade vous hésitez entre vous pendre, rentrer chez vous et ne plus jamais sortir de votre lit, errer dans les rues et devenir SDF. Mais comme vous êtes une fille courageuse, plus besoin de le prouver, votre raison reprend le dessus et vous marchez quelques kilomètre dans la rue, sous la pluie, pour rejoindre une station de RER qui vous mènera à presque bon port. Et là il faut recommencer tout le même cirque qu'avec le métro.

Personne ne vous remettra de médaille pour ça et pourtant... Vous arrivez enfin au travail avec 40 minutes de retard, comme tout le monde finalement. Les cheveux en bataille, l'odeur d'un putois, le corps couvert d'hématomes, les vêtements déchirés, le sac éventré, le souffle haletant, vous êtes prêtes pour votre entretien annuel avec big boss.

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