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Le blog de l'exaspérée

Le coiffeur : comment finir la tête dans le four

23 Décembre 2012, 18:58pm

Publié par Son altesse l'exaspérée

cousin machin n'a jamais mis les pieds chez le coiffeur, d'où sa zen attitude

cousin machin n'a jamais mis les pieds chez le coiffeur, d'où sa zen attitude

Dans la catégorie ça me donne envie de faire de la danse kazakh sur une corde raide, aller chez le coiffeur remporte la palme.

On vous confond de plus en plus avec cousin machin ou Cruella, les enfants hurlent en vous croisant dans la rue, les vieilles s'agrippent à leur sac Chanel, les pigeons s'accrochent à vos cheveux ? Ces petits signes qui peuvent vous paraître tout à fait anodins ou habituels sont en fait très révélateurs : il est temps de vous rendre chez le coiffeur.

Étape obligée pour tout bon citoyen muni de cheveux, le salon de coiffure est un haut lieu de l'exaspération (au même titre que les salons d'esthétique).

Vous prévoyez le coup dés le matin en vous lavant soigneusement les cheveux même s'ils vont être reshampooinés dans quelques heures, et ce dans le but d'éviter tout commérage injustifié sur votre niveau d'hygiène. Pour une fois vous vous passez même un coup de peigne. D'habitude vous utilisez une vulgaire brosse à cheveux mais aujourd'hui vous avez envie de vous mettre en condition : le peigne ça donne un côté plus pro. Et là c'est la cata! Le fichu peigne s'emmèle dans le sac de nœuds qui vous sert de cheveux. Plus vous tirez, plus il se coince, de grosses pelotes de cheveux s'enroulant autour du peigne, ce dernier semblant vous narguer avec ses dents noires et pointues : " t'as cru que tu pouvais te permettre de m'utiliser juste le jour où tu allais chez le coiffeur ? J'suis pas un peigne facile à manier moi! ". Dans un sursaut d'exaspération, vous tirez un grand coup dessus et finissez par le briser en deux. Mais le vengeur s'accroche de toutes ses dents. Après une longue bataille sans mercie, vous vous résignez à couper la mèche de cheveux piégée et la gardez en souvenir dans une boite à chaussures. Ça ne fait pas 1h que vous êtes levée et vous avez déjà l'impression d'avoir couru un marathon.

Vous êtes prête à vous rendre chez le coiffeur. Vous avez bien tenté de camoufler le carnage du peigne avec des barrettes, mais pour des raisons inexplicables ça vous donnait de faux airs de Patrick Sébastien. De rage, vous avez jeté ces inutiles barrettes à la poubelle. C'est donc en rasant les murs, les yeux baissés, que vous marchez jusqu'au coupe tiffs. N'osant pas regarder devant vous et affronter les regards des passants moqueurs, vous vous prenez à deux reprises un poteau en pleine face (et une poussette aussi mais presque aucun bébé n'a été bléssé). Vous arrivez donc la coupe asymétrique, le front légèrement sanguinoleant et l'oeil aux bords noirs au salon de coiffure.

Sur place on vous accueille, non sans vous balayer du regard. On vous installe au bac pour vous laver les cheveux avant même de voir sur cheveux secs quelle coupe il est possible de vous faire. On vous tend une blouse mais fébrile et mal à l'aise à l'idée de ce qui vous attend, vous l'enfilez à l'envers. Une coiffeuse vous l'enfile de force pour vous, comme à un gamin qui ne sait pas s'habiller. Vous attendez patiemment que la stagiaire vienne s'occuper de vous, la nuque meurtrie par la hauteur improbable du repose tête. Elle arrive, pousse de grandes exclamations qui ameutent toutes ses collègues en soupésant votre tignasse, vous qui vouliez rester discrète (tant bien que ce fusse encore possible) c'est raté : " oh mais vos cheveux ils sont extrêmement sensibilisés ! Vous ne faites pas de masques ?" heu... C'est que... : " il va falloir absolument que je vous fasse un soin! " vous coupe t-elle avant même que vous n'ayez pu vous défendre. Votre facture vient de s'allonger de dix euros en l'espace de dix secondes, quelque part dans les décombres de votre sac à main, votre carte bleue frémit.

Vous avez passé avec succès - entendons-nous, vous n'avez frappé ni humains ni objets - l'étape du shampoing. On vous accompagne avec déférence (pourquoi les coiffeurs deviennent t-ils soudain si obséquieux quand ils vous emmènent d'un point A à un point B ?) jusqu'à l' "espace coiffure". On vous demande ce que vous souhaitez. Vous n'en n'avez point la moindre idée puisque quoi que vous fassiez, sitôt sortie de chez le coiffeur, vos cheveux retomberont inéluctablement en une masse informe. Vous évitez alors de prendre plus de risques que vous n'avez déjà pris pour la journée et optez pour un dégradé long. Le coiffeur trifouille votre tête la mine dubitative. Va t-il le voir ? " mais qui vous a coupé les cheveux ? C'est complètement raté ! C'est vous qui avez voulu vous faire un dégradé toute seule ? Voilà ce que c'est quand on ne laisse pas faire les coiffeurs ! " et merde, il l'a vu ! Vous vous lancez dans une grande explication confuse sur votre péripétie épique avec le peigne, mais plus vous parlez, plus le coiffeur vous regarde avec de gros yeux ronds. Il est à deux doigts d'appeler l'hôpital psychiatrique, d'autant plus qu'avec tout ce stress accumulé, vous transpirez à grosses gouttes et ressemblez de plus en plus à une aliénée évadée de l'asile.

Le paroxysme de la crise est passée du moins vous l'espérez. Vous avez accepté la "lecture" proposée par le coiffeur, ça vous évitera d'avoir à raconter votre vie à un parfait inconnu comme le font vos voisines de siège. À propos, saviez-vous que le neveu de madame Martin avait du emmener son cocker chez le vétérinaire un lundi matin pour le faire vermifuger ? Non ? Ça vous fait une belle jambe hein ? Vous vous retrouvez donc encombrée de magazines Voici et Paris Match à faire semblant de vous intéresser aux problèmes de santé de René Dion, quitte à ce qu'on vous prenne pour une idiote un peu félée, autant jouer le personnage jusqu'au bout. Le coiffeur brandit ses ciseaux et coupe allègrement votre tignasse. Vous relevez le nez des aventures de René pour rappeler que vous voulez garder les cheveux longs. "oui mais avec ce que vous avez fait je suis obligé de vous faire une mèche pour rattraper le coup" assène le coiffeur. Voilà comment en deux coups de ciseaux vous vous retrouvez avec une coiffure top fashion top moumoute, coiffure qui vous a toujours portée au sommet de l'exaspération. Sans compter que cette satanée mèche ne manquera pas de rebiquer dés que l'humidité de l'air dépassera les 10% vous faisant ressembler à un ridicule angelot. Vous regrettez alors d'avoir jetté vos barrettes.

Le carnage est enfin terminé. Le coiffeur s'est escrimé à vous faire un brushing raide comme des baguettes lisse pour donner l'illusion qu'il n'a pas tant coupé vos cheveux que ça. Vous êtes un croisement entre un enfant de chœur et Mireille Matthieu. Vous passez en caisse, vous allongez la facture déjà salée d'un billet pour le pourboire car vous avez oubliez de prévoir de la monnaie. Vous rentrez chez vous, transpirante, épuisée, ruinée, la nuque endolorie, des fourmis dans les jambes, les bras chargés de soins réparateurs en tous genres que vous n'avez pas osé refuser. Vous vous lavez les cheveux, vous convertissez au sikhisme, investissez dans un turban et filez au lit.

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